samedi 13 avril 2013

Après le Sénégal... mon expérience au Burkina Faso!


Salut à tous!

J’espère que vous allez bien et que vous profitez du printemps!

Je suis maintenant rendue au Burkina Faso, dit, le pays des hommes intègres! Après quelques jours passés à Ouagadougou, la capitale, je suis arrivée à Kaya (petite ville à environ 100km de Ouaga et 300km du travail de Joël) où je travaille actuellement dans un centre de réadaptation!

 Les quelques jours à l’arrivée m’ont permis de constater les différences entre le Sénégal et le Burkina et m’y acclimater. En bref, le plus dur choc a été la chaleur!!! Ho oui, je suis au Burkina durant la saison la plus chaude de l’année!!! La nuit qu’on est arrivé, il faisait 35 degré et très humide! C’était affreux, et assez inhabituel quand même puisque le lendemain, il y a eu une averse alors que nous sommes en pleine saison sèche… bref, c’était assez anormal et insupportable! Depuis, j’ai pris le rythme, je me suis acclimatée un peu. Je dois dire que je suis quand même choyée! J’habite présentement dans une villa directement sur mon lieu de travail, avec chambre climatisée! Bref, je ne suis pas trop à plaindre! Mais quand même, on s’habitue à la chaleur! Je dors avec les couvertures avec la clim à 27 degré. Je risque d’être un peu frileuse à mon retour au mois de mai! :P Sinon, je suis allé visiter Joël à son travail le week-end de pâques. Là-bas, c’est le désert, la chaleur peut monter jusqu’à 50 degré et plus durant le jour! Mais c’est tellement sec, et avec un vent constant, ça reste supportable. Mais c’est clair que tu ne restes pas au soleil longtemps!!

Bon, assez parlé de la chaleur! C’est la différence la plus marquante et qui frappe de plein fouet en arrivant, mais quand même, il y en a d’autres! En fait, les gens aux Burkina sont, de façon générale, plus posés que les Sénégalais. Ça me repose, j’aime bien ce trait de caractère! Au premier coup d’œil, le Sénégal et le Burkina semblent bien semblables! En effet, il  y a bien des choses en commun. Mais quand on reste un peu plus attentif, il y a, au fond, des choses bien différentes! Ça reste un peu difficile à exprimer je dirais. C’est surtout dans le contact avec les gens que l’on sent cette différence. J’arriverai peut-être à mettre plus de mots sur cette différence éventuellement.

Au niveau du travail, j’aime beaucoup mon nouveau milieu. Je travaille actuellement dans un centre de réadaptation qui emploi une équipe de 6 kiné et 3 appareilleurs, en plus du personnel de soutien. C’est donc une petite clinique, mais qui accueille une grande quantité de « malade » comme ils les appellent! Ils reçoivent également 5 fois par année, une équipe de chirurgien de l’Europe pour faire des missions de chirurgie. C’est donc pour cette raison qu’il y a sur le site une bien jolie villa confortable, prête à accueillir des professionnels de la santé étrangers. Comme je suis la seule expatriée sur le site en ce moment, j’ai la place à moi. C’est bien tranquille et confortable!

Le centre ici est très reconnu dans la région, tant pour ses opérations réalisées par des équipes européennes plusieurs fois par année, que pour les services de réadaptation qui sont, semble-t-il, les meilleurs de la région. Plusieurs personnes viennent de la Côte d’Ivoire et de bien des endroits autour pour s’y faire soigner. Même des gens de la capitale viennent jusqu’à Kaya, parce que semble-t-il que les soins de réadaptation offerts dans cette grande ville ne sont pas aussi bon que ceux de chez nous.

Je vois aussi une influence importante du fait que le centre soit financé par une ONG étrangère. Le rythme de travail et les rendements à obtenir sont bien plus élevés que dans le centre public pour lequel je travaillais au Sénégal!  Honnêtement, le rythme de travail de mes collègues ici m’a agréablement surpris. Enfin, ça laisse quand même des effets pervers…comme le financement provient essentiellement de l’extérieur, le centre ne reste pas autonome, et ne semble pas (selon moi) sur la voie de le devenir au niveau financier… Ça laisse un déséquilibre et une situation de domination ou de pourvoyeur de la part de l’ONG Suisse. Mais de ce que j’ai pu voir, cette supériorité ne semble pas utilisée de façon malsaine. Au contraire, leurs actions sont bien louables. Par contre, je vois bien qu’à long terme, il y aurait probablement des façons un peu plus efficientes de faire un développement pour la région. Enfin… la complexité de l’aide internationale quoi!

Au niveau ergothérapie, c’est très stimulant! Je vois des patients avec des pathologies diverses et c’est une première expérience pour moi en réadaptation intensive. Ayant bien peu de matériel de thérapie, je dois être bien créative pour utiliser et réutiliser le même matériel à plusieurs saveurs, autant pour des adultes AVC que des enfants IMC. Surtout que je vois ces patients presque tous les jours! Je vois vraiment une multitude de clientèle. Et tous pleins de types de patients! Disons que je ne m’ennui pas et que le cerveau roule à mille à l’heure à rencontrer des patients avec des pathologies diverses, parfois une impossibilité de communiquer oralement, parfois une pathologie inconnue, non diagnostiquée, mais des troubles moteurs…. Alors je fais ce que je peux pour explorer un peu la situation, essayer d’augmenter le niveau d’autonomie des patients! Et une chose que j’ai appris ici, c’est de ne pas me stresser avec le fait de vouloir faire tout parfait. Je fais de mon mieux, et pour le reste, il y a le lâcher-prise. Je vois que c’est drôlement bénéfique de laisser de côté ce stress malsain que je vivais chez nous à faire des thérapies parfaites! Je réalise mieux que je peux faire avec ce que j’ai dans le moment présent, selon la situation qui arrive. Tant que je m’assure de ne pas nuire à la personne et que je donne ce que je peux, pour le reste, je lâche prise!

J’ai une de mes patientes qui est particulièrement intéressante. On me l’a présenté comme un problème spirituel, créé par la présence d’un démon qui a créé une hémiplégie. Mais les symptômes ne sont pas typique d’un post AVC et je l’ai vu sans connaissances, pour une raison non identifiée. Semble-t-il qu’elle fait des « crises » à répétition, des pertes de connaissances, parfois des fugues, parfois ce qui serait peut-être des épisodes psychotiques.  Bref, je crois qu’il y a un peu de santé mentale là dedans, mais assez difficile à identifier! Surtout que le premier recours des gens ici sauf essayer de renforcer le côté hémiplégique est de prier pour éloigner le démon. Enfin. J’essaie d’ouvrir certains horizons, tout en restant sensible aux croyances de la place. C’est assez intéressant comme expérience je dois dire!

Comme ergo, je me rends aussi compte que j’ai appris à connaître le quotidien des Africains de l’ouest qui est bien différent de notre quotidien à nous! Surtout quand tu te retrouves à faire de la réadap du membre supérieur… chaque main a ses fonctions bien distinctes!! Comme une main sert à se nourrir et l’autre à nettoyer les excréments, leurs rôles sont difficilement interchangeables!! Ça crée toutes sortes de problématiques quand un enfant a une atteinte au membre supérieur droit!! J’ai même entendu aujourd’hui qu’une enseignante ne voulais plus qu’une jeune fille aille en classe parce qu’elle écrivait de la main gauche (main droite spastique…). Ça, je dois dire que ça m’a choqué!!! Mais rassurez-vous, je n’étais pas la seule à être choquée. Les kinés avec qui je travaille étaient également complètement outrés! Enfin, ce sont des petites réalités du travail d’ergo ici qui me surprendront par leur absence au début de ma carrière au Québec! Parce que oui, après avoir fait de l’ergo ici 6 mois (les 6 premiers mois depuis l’université…), c’est ma plus grande référence comme expérience professionnelle et ergothérapeutique! Je crois que je vais trouver que le système de santé Québécois est bien riche en ressources à mon retour à la maison!

Une autre différence majeure entre mon expérience au Sénégal et celle du Burkina est qu’au Sénégal, j’étais dans un milieu majoritairement musulman, alors qu’ici, je suis dans un centre qui emploi seulement des chrétiens. Je dois dire que le contact avec les chrétiens est pour moi plus naturel qu’avec les musulmans. Ça se rapproche plus du monde dans lequel j’ai grandis! Par contre, côtoyer les musulmans a été une expérience très enrichissante! Et rassurez-vous, c’est loin d’être une majorité des musulmans qui sont extrémistes contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en faire chez nous en entendant parler des groupes terroristes et extrémistes qui appliquent la charia par exemple. Enfin, je dois dire que de mon côté, j’ai plutôt côtoyé des musulmans très pacifistes et très ouverts à accueillir chez eux des chrétiens!

Ça me fait penser, en vous parlant des différences de religions. Il y a une chose qui me frappe en Afrique de l’ouest en général… c’est que pour eux, peu importe quelle religion tu pratiques, tant que tu as la foi, « ya pas de problème!! ». C’est beau de voir le respect entre les différentes communautés religieuses et le respect entre les différents groupes ethniques. C’est assez particulier ici, ces groupes ethniques différents qui se retrouvent à former un pays ensemble parce que les colons Européens en ont décidés ainsi il y a plusieurs années! (Bon je généralise…. mais globalement, ça ressemble à ça!)

Sinon, c’est déjà presque la fin de mon périple ici. En fait, j’ai amorcé ma dernière semaine de travail en sol Africain aujourd’hui. Et oui, ça fait déjà un mois que je suis au Burkina! Dans une semaine, Joël va être en congé et on prendra tranquillement la route vers le Togo et le Bénin à moto pour découvrir de nouveaux endroits. Après ce 3 semaines de congé ensemble, c’est le retour au travail pour lui et le retour à la maison pour moi!!

Alors à moins que j’aie bien de l’inspiration en vivant mon choc du retour et que je ressente le besoin de le partager dans ce blog, je crois bien que ce sera ma dernière chronique!
Pour ceux qui ont lus, j’espère que j’ai pu vous transporter un peu de l’autre côté de l’océan et vous faire vivre un peu la réalité d’ici. J’espère que ça vous aide à figurer un peu plus ce que peut être une expérience d’ergo, de canadienne, de jeune blanche, ou jeune diplômée en Afrique de l’ouest dans un contexte de développement international. J’espère surtout que ça vous a fait sortir un peu de chez vous, sans avoir eu à le faire physiquement! Si oui, l’objectif de mon blog est atteint!

Je vous souhaite un beau printemps! Et profitez des moments qui passent!

Au plaisir de se revoir au mois de mai ou durant l’été!!

À+

Myriam –xxx-

samedi 2 mars 2013

Au revoir à Talibou Dabo et quelques expériences


Voilà, mon travail de 5 mois au Centre Talibou Dabo vient de se terminer, avec des au revoir touchants. J’avais envie de vous partager quelques moments forts de mon stage, de mon expérience ici, et quelques apprentissages significatifs que j’ai fait au cours de ces 5 mois.
                               
D’abord, j’avais envie d’approfondir les éléments culturels que j’ai pu apprendre, expliquant la place des personnes handicapées au Sénégal. C’est, entre autre, lors d’une discussion avec un collègue du centre que j’ai pu comprendre ce qui se cachait derrière les difficultés pour les personnes présentant un handicap à s’intégrer dans la société Sénégalaise.

On m’a expliqué que selon les traditions animistes d’ici, l’enfant handicapé, c’est l’enfant de la faute. C’est donc le parent, et bien souvent la mère qui est accusé d’avoir commis une faute, entraînant les esprits mauvais à causer le handicap de l’enfant. Imaginez donc la pression qui est exercée sur la famille, mais particulièrement sur la mère lorsqu’elle apprend que son enfant est handicapé. Souvent, l’enfant est gardé enfermé à la maison pour ne pas subir le regard et le jugement des autres sur la famille. J’ai rencontré, entre autre, une jeune fille qui était restée à la maison durant les 11 premières années de sa vie. À 12 ans, elle avait bien peu de capacités sociales, motrices et cognitives. La mère nous a raconté qu’elle avait eu de la pression de la part de son entourage pour ne pas la laisser sortir, ne pas la montrer. C’est un enfant qu’on devait cacher.

Le premier recours des parents qui ont un enfant handicapé à la naissance est bien souvent le marabout. Semble-t-il que traditionnellement, le marabout expliquait à la famille que l’enfant n’était peut-être pas le sien. C’était peut-être l’enfant de « l’autre ». Pour vérifier, il recommandait à la maman d’aller déposer l’enfant sous le baobab un peu éloigné du village, ou encore sur le bord d’un cours d’eau ou dans la savane. Ils devaient laisser l’enfant là-bas un certain temps. S’ils revenaient et que l’enfant avait disparu, c’est que celui à qui appartenait l’enfant, « l’autre », était venu le chercher. À leur retour, s’il y était encore, cette hypothèse de l’enfant de « l’autre » était rejetée. C’était bien en raison de la faute de la mère ou du parent qu’était apparu le handicap de l’enfant. Semble-t-il que ce sont des pratiques qui sont toujours en cours dans plusieurs lieux au Sénégal.

La mère de la fillette dont je vous parlais juste avant s’était un jour fait recommander une « technique de réadaptation » qui était de creuser dans le sable et d’enterrer le corps de la petite. Cela allait semble-t-il la guérir. Évidemment, elle ne l’a pas fait… Enfin. Voilà quelques croyances présentes chez plusieurs personnes ici qui rendent plutôt difficile le développement et l’intégration sociale de la personne présentant un handicap dans la société Sénégalaise.

Ensuite, pour mieux comprendre le rôle de la personne handicapée ici, il faut comprendre que dans la religion islamique (prédominante ici), donner à quelqu’un qui en a le plus besoin est signe de bonté. La religion encourage les gens à donner quotidiennement, c’est un devoir et une façon de se valoriser. Il est particulièrement recommandé de donner aux personnes handicapées et aux albinos. Au premier abord, c’est un très bon principe! Par contre, il a quelques effets pervers... En effet, la personne présentant un handicap devient particulièrement une bonne personne à qui donner un peu de monnaie sur le coin de la rue pour accomplir les devoirs de la religion. Toute cette dynamique entraîne une hiérarchie ou une dynamique sociale qui fait en sorte que la place de la personne présentant un handicap ou du noir albinos, c’est de mendier sur le coin de la rue. Comme ça, il peut rapporter de l’argent à sa famille et les bons croyants peuvent accomplir leur devoir de bonté : donner. Mais qu’en est-il de la personne qui présente un handicap qui veut percer dans le marché du travail? On considère bien souvent que ce n’est pas sa place. Il devrait plutôt aller s’installer au coin de la rue et mendier. Pour percer, il faut de la persévérance et beaucoup de courage.

Bon ça, c’était le côté sombre de l’histoire. J’aimerais toutefois vous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps chez nous, toutes les personnes qui présentaient une « déviance », un handicap ou une différence (souvent déficience intellectuelle ou problème de santé mentale) étaient mis à l’écart de la société, institutionnalisés. Il faut remettre en perspective que cette exclusion sociale était peut-être différente de celle vécue ici, mais chez nous aussi la stigmatisation est encore incroyablement présente. Différemment d’ici et à un autre niveau, mais quand même présente. (Fin de la parenthèse de : je ne veux pas porter seulement un regard sombre sur ce qu’il se passe ici, c’est toujours bon de regarder des deux côtés. Certaines pratiques de chez nous souvent cachées ou plus subtiles ont tout de même de grandes répercussions pour les personnes atteintes d’une maladie mentale ou présentant un handicap quelconque.)

Maintenant qu’en est-il de l’évolution par rapport à tout ça? Et bien, j’ai eu la chance de rencontrer des gens formidable au cours de mon séjour ici qui luttent contre cette stigmatisation. En effet, le centre Talibou Dabo est un centre qui offre des services aux enfants atteints d’un handicap moteur. Ainsi, le centre permet une scolarisation à ces enfants qui sont souvent exclus des écoles régulières. En plus de cette mission noble, le centre Talibou Dabo emploi plusieurs personnes présentant un handicap.

J’ai eu la chance de travailler et de développer une belle amitié avec une femme incroyable. Une femme présentant un handicap moteur qui en est à sa 2e spécialisation en médecine et qui travaille au centre. Elle est un exemple pour les enfants de l’école. L’exemple d’une personne présentant un handicap, en plus, une femme, qui a pu poursuivre de grandes études et obtenir un emploi influant dans sa société.

Deux autres employés du centre présentent également un handicap moteur et se déplacent avec des béquilles canadiennes; un enseignant et l’informaticien du centre. Le centre emploie aussi un kinésithérapeute aveugle. Il utilise beaucoup ses mains pour remplacer sa vision. Voilà quelques exemples de personnes présentant un handicap à Dakar qui luttent par leur action à tracer le chemin pour les personnes présentant un handicap à accéder au marché du travail.

J’ai aussi eu la chance de rencontrer une jeune fille que j’ai trouvée particulièrement inspirante. Yoni, jeune fille de 17 ans qui vient de terminer sa scolarité élémentaire. Elle présente une paralysie presque complète au niveau des quatre membres. Cette jeune fille que j’ai pu voir à quelques reprises a développé des capacités d’adaptation incroyables, et a été sa propre ergo pour poursuivre les activités qui lui sont significatives. Elle a appris à manier l’ordinateur pour étudier et maintenir son réseau social en utilisant les petits mouvements de son bras droit qui lui sont possibles. C’est avec l’articulation (IPP) de son petit doigt qu’elle contrôle la souris de son portable et utilise un clavier virtuel qui lui permet d’écrire à l’ordinateur. Autres activités impressionnantes : elle écrit et fait de la peinture avec la bouche! Si vous êtes curieux, voici un lien vers un site internet qui explique un peu sa biographie, ses œuvres, et présente des photos d’elle.
(Pour mes collègues ergo qui paniquent à l’idée de ce manque de confidentialité, le père et la jeune fille étaient bien contents que je puisse parler d’elle et la faire connaître par l’intermédiaire d’un blog!)

Bon, non seulement sa situation est impressionnante mais, la jeune fille, à la recherche de financement et d’une école pouvant l’accueillir à Dakar est passé à la télévision dernièrement. Elle a pris l’occasion, non seulement pour rechercher des fonds pour l’aider à étudier, mais également pour passer un message d’encouragement, de sensibilisation et d’ouverture à l’égard des personnes handicapées à l’ensemble de la société Sénégalaise. À 17 ans, elle comprend bien la place des personnes présentant un handicap dans sa société. Ainsi, elle invite ses collègues à poursuivre leurs rêves, à sortir du stéréotype de la personne handicapée qui mendie et à jouer un rôle productif dans la société. Bref, très inspirante cette petite!

Donc, malgré le tableau bien sombre que j’ai dressé au début de ce blog des croyances influençant la place que peuvent prendre les personnes handicapées ici au Sénégal, il y a de beaux exemples, de belles choses qui se mettent en place pour sensibiliser la population, aider les personnes handicapées à prendre leur place, à être considéré égal à égal avec une personne sans handicap.

Voilà un peu le topo sur la place des personnes handicapées à Dakar et ce que j’ai pu saisir et vivre sur le sujet.

Sinon, la fin de mon séjour à Talibou Dabo a été très positif! J’ai été très touchée que mes collègues de travail organisent une petite cérémonie pour souligner mon départ. Une rencontre avec remerciements officiels et une magnifique table dressée à mon honneur! Ça a été l’occasion de prendre bien de belles photos avec mes collègues du centre!

Les préparatifs de la petite cérémonie!

Et plusieurs photos comme ça avec les collègues venus souligner mon départ!


Ensuite, ça a été la « descente », le départ des enfants! Ils retournent à la maison dans les cars du centre. 
En attendant que tout le monde soit installé dans les cars, quelques photos avec des collègues enseignants!


Ha oui… les normes du nombre d’enfant dans les bus n’est évidemment pas les mêmes que chez nous, vous pourrez le constater! ;)



Et je crois que je ne vous avais pas montré mon bureau de travail!

Voilà, c'est là que j'ai travaillé durant presque 5 mois!

Maintenant, c’est les vacances pour presque 2 semaines pour moi avant de commencer un nouveau travail pour 1 mois, dans un nouveau centre, une nouvelle culture, une nouvelle langue à Kaya au Burkina Faso! J

Portez-vous bien!!

Myriam

mercredi 20 février 2013

Fin du stage à Dakar


Et oui, c’est déjà la fin des 5 mois qui approchent! Les moments ont continués à être bien riches en émotions, en dépaysement et en apprentissage! Même s’il m’arrive de me sentir un peu chez moi ici, reste que je ne le suis pas totalement! Il reste toujours bien des choses que je ne comprends pas, des choses qui m’irritent, des choses qui m’émerveillent! C’est la joie d’être dans un autre pays : apprendre!

De mon côté, il ne me reste que 1 semaine et demi à travailler au centre Talibou Dabo. Mes compatriotes canadiens retournent déjà au Québec dans une semaine. D’un côté, je les envie un peu d’aller retrouver leur chez soi, leur famille. D’un autre côté, je vois l’aventure et de nouvelles expériences bien riches en apprentissages qui arrivent à grand pas!

Alors le plan de match est :
Joël vient me rejoindre à Dakar dans 2 semaines, on grimpe, on profite de la ville pendant une semaine, et on se repose! Ensuite, c’est le départ vers le Burkina le 10 mars! Quelques jours ensemble à Ouagadougou et ensuite, on repart chacun de notre côté pour travailler durant un mois. Pour moi, la prochaine destination est le Centre pour Handicapés de Kaya (CHK) dans la ville de Kaya. C’est l’association Morija, une association suisse qui travaille dans ce centre qui m’a permis, par une rencontre inattendue entre Joël et le directeur de cette organisation, d’entrer en contact avec le centre. En bref, j’irai travailler dans le centre comme ergo durant un mois. C’est bien court, mais bon. Je ferai ce que je pourrai! Et en même temps, ça me permettra de connaître une autre culture.. le Burkina! J’ai l’impression que ce sera bien différent! À suivre….

Mais pour l’instant, je suis encore à Dakar, et j’ai bien à vous raconter encore sur mon travail, sur ma vie ici. D’ailleurs, cet après-midi, j’ai donné ma 3e séance de formation aux enseignants du centre Talibou Dabo soit les enseignants de l’école élémentaire, de l’école maternelle et du centre en déficience intellectuelle! C’était un beau défi de donner une formation pertinente pour tous ces enseignants, tout en restant très pratique! En effet, la difficulté ici reste souvent plus au niveau de l’application des connaissances que l’acquisition de connaissances elles-mêmes. Enfin, pour l’instant, je suis bien satisfaite du résultat! Les sujets abordés : l’attention et l’environnement favorisant l’apprentissage, le positionnement et finalement l’écriture et la motricité fine. Il me reste seulement une séance synthèse la semaine prochaine! Je suis vraiment contente du travail accompli, mais je ne suis pas fâchée que ce soit la dernière la semaine prochaine! ;) Ouf, la logistique était assez difficile à coordonner!

Sinon, la semaine dernière, je suis allé observer un élève sur l’heure du repas au réfectoire et trouvant la scène tellement typique du centre où je travaille que je me suis mise à écrire dans mon cahier le déroulement de la scène! Bon, j’ai aussi observé l’enfant, quand même! ;) Mais finalement il était assez fonctionnel, alors j’ai pu poursuivre ma rédaction! :P
Mais voilà, ça va comme suit :
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Le déjeuner au réfectoire de Talibou Dabo

À l’école, le signal est donné par Mariama (Auxilliaire de vie scolaire).
« Agne, Agne! Agne! » (en wolof pour manger ou déjeuner)

Et c’est la course à travers la cours intérieur du centre qu’ils doivent traverser pour se rendre de l’école au réfectoire. Plusieurs trébuchent sur la dalle, mais aucun d’eux ne pleure!

Ils se relèvent, recommencent à courir tout est normal! Deux autres s’appuient l’un contre l’autre pour marcher. Ils trébuchent eux aussi. Bien empilées sur le sol, se relèvent tant bien que mal, continuent d’avancer en rigolant malgré les alignements articulaires douteux et l’équilibre précaire. Les uns poussent les fauteuils roulants des autres.

Un petit vient me montrer tout fier, sa nouvelle acquisition : des lunettes! Il les possède! Ce qu’il en est fier. En a-t-il besoin…. ???

Une jeune fille avec athétose vient me voir, son soulier est sorti de son pied… encore. Je l’aide tant bien que mal à le remettre.

Et puis dans la salle écho du réfectoire, 2 rangées de table avec des chaises de jardin en plastique grandeur adulte dans lesquelles les plus petits se perdent presque.

Et les bruits de cuillère qui tombent partout, les cris des enfants affamés mais soulagés d’être libérés de la classe se font entendre. On commence à distribuer les assiettes, presque lancées à chaque enfant! Tout se passe bien, comme à l’habitude.

Et puis ils mangent, maniant la cuillère comme ils peuvent. Les AVS transfèrent le reste des assiettes des moins gourmands dans celles des plus gourmands. Quand les enfants ont finis, ils se lèvent quittent le réfectoire.

Reste ceux qui mangent plus lentement ou les derniers arrivés. De l’ordre et du calme? Ho que non! Mais chacun se nourrit, à sa faim!

Puis plus que quelques enfants, des chaises éparpillées partout, du riz et les restes de viande sur les tables, sur le sol. Pas de soucis, c’est après que les employées de la cuisine commencent à empiler les chaises. Tout sera balayé avant la venue des prochains à manger : les employés. 
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Voilà, c’était l’expérience du réfectoire de Talibou Dabo à l’heure du déjeuner (dîner chez nous) des enfants!

Rien d’extraordinaire, mais je trouvais la scène intéressante à partager! 
En espérant que vous ayez pu le vivre un peu avec moi!

Sinon, au centre, il y a une nouvelle directrice! Malgré que l’ancien directeur était un bon médecin qui avait à cœur le bien-être des enfants, je crois que cette nouvelle directrice pourra mettre un peu d’ordre dans le chaos de ce centre! En fait, le centre Talibou Dabo a bien des ressources au niveau de son personnel. C’est simplement la gestion et l’organisation de tout ça qui est difficile. Et c’est le problème auquel s’attaque la nouvelle directrice. Je suis heureuse de partir et de voir qu’il y a une vague de changement, de l’espoir que les projets mis en place se poursuivent et que la prise en charge des enfants du centre Talibou Dabo se voit améliorée, ce sur quoi j’ai essayé de travailler durant 5 mois en essayant de mettre un peu en lien les différents services du centre! Mais bon, on s’entend, une petite jeune blanche arrivée dans un centre pour faire un stage de 5 mois, ce n’est pas elle qui va changer tout le fonctionnement du centre! ;) Je suis contente que quelqu’un qui a du poids et de l’expérience en gestion, mais surtout quelqu’un de la place, s’y attaque sérieusement! 

Voilà!
Profitez de la neige du Québec!

Et les prochaines chroniques risquent d’être écrites en direct du Burkina!
À+ les copains!

Myriam

jeudi 17 janvier 2013

Oui, oui! Je suis encore en vie... simplement bien occupée!


Ok, ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas écris… Oups!

J’espère que vous avez passé un merveilleux temps des fêtes avec la belle neige du Québec! Ici, j’ai pu passer Noël avec mon amoureux, dans un décor qui me faisait oublier à chaque instant que c’était le temps des fêtes! Même si je ne ressentais pas la frénésie des fêtes de mon petit coin du Sénégal, ça ne veut pas pour autant dire que ces moments n’ont pas été tout autant agréables! (Bon on ne parle pas du même type d’agréable… disons que nourriture succulente et confort n’ont pas été tellement au rendez-vous mais les apprentissages et les échanges ont été tellement riches que le terme agréable est tout autant pertinent ici!)

J’ai pu découvrir à travers un voyage dans la région de Kédougou (Sud-Est du Sénégal) un tout autre Sénégal que ce que j’avais connu jusqu’à maintenant à Dakar! Enfin, je suis dans une grande ville. Les villes ont cette tendance à canaliser tant l’énergie positive pour faire avancer de grands projets, que l’énergie négative pour nous faire voir les pires côtés de l’être humain. Enfin. Ça m’a fait un grand bien de sortir de cette grande ville de fou pour découvrir la campagne paisible, les gens chaleureux et incroyablement accueillant des villages et la culture déroutante qu’offre la région de Kédougou. À me promener à travers les petits villages, j’ai pu découvrir des aspects plus traditionnels et plus significatifs de la culture Sénégalaise. J’ai l’impression (je dis bien l’impression) de comprendre un peu mieux le rythme de vie ici, les coutumes et la culture. Ça me rappelle aussi comment les villes déforment un peu inévitablement toute culture ou tradition.

Enfin, c’est avec de magnifiques souvenirs et davantage d’énergie que j’ai repris le travail au début de cette semaine. J’ai été heureuse de retrouver le centre Talibou Dabo. Les collègues de travail, les enfants, la routine qui n’en est pas vraiment une, etc.

Avant mon départ en congé de Noël, j’ai pu assister à la fête du trentenaire du centre (bon, le centre a 32 ans cette année, mais il n'est jamais trop tard pour fêter!). Ça a été très agréable de voir le personnel du centre se mobiliser pour fêter et amasser des fonds pour permettre la rénovation du centre et en même temps, parler du handicap, faire tomber un peu les tabous! Dans tout les cas, on ne peut pas dire que les Sénégalais font les choses à moitié quand il s’agit de fêter! Grands chapiteaux, kiosques de promotion des différents services offerts au centre, discours de ministres, spectacles, ...



et sans oublier, un père noël noir! Hi hi!
(C'était juste avant Noël)









Et les habits des femmes sont toujours aussi impressionnants! J’ai décidé d’y aller moi aussi à la Sénégalaise pour la dernière journée des festivités!

Joël s’est même fait un plaisir de venir assister à la fête le vendredi! On s’est donné tout un défi : faire comprendre aux enfants de l’école comment faire un casse-tête. Croyez-moi, ils n’avaient jamais fait ce genre d’activité! Je n’aurais jamais cru que faire un casse-tête (activité plutôt instinctive pour moi) pourrait être aussi complexe!


Sinon, le retour au travail se déroule bien cette semaine! Une des médecins du centre a réalisé que je quittais bientôt hier et m’a subitement demandé de lui donner des cours d’ergo! C’est donc avec plaisir que je l’ai invitée à m’accompagner dans une évaluation ce matin pour lui verbaliser mon cheminement et mes observations tandis que j’évaluais l’enfant! J’ai été bien heureuse de voir tout son intérêt pour ma profession! J

Aussi, qu’elle n’a pas été ma surprise aujourd’hui, cher collègues ergo, de voir apparaître une chaise trip trap au centre Talibou Dabo!!! Oui oui! Je vous jure, j’ai faillit me pincer! On a reçu aujourd’hui une cargaison de matériel venu de l’Allemagne je crois. Il y avait là bien des choses, et à travers le tout, une chaise trip trap. Vraiment, j’étais beaucoup trop contente! J’ai vite fait de la réserver pour pouvoir l’apporter à l’école! Si je n’avais pas insisté pour l’avoir, elle aurait été envoyée en Kiné. Quelqu’un m’a dit qu’il pensait que c’était un appareil pour faire des exercices (genre escalier…) Je l’ai trouvé bien comique!

Enfin, sinon, la vie suis son cours ici, je commence à être de plus en plus à l’aise dans mon centre et déjà, le stage tire à sa fin! Il me reste encore 6 semaines à travailler ici avant de partir vers le Burkina pour y travailler un mois! Peu de temps, mais bien des projets motivants : une formation à donner, plein d’enfants à évaluer, des rencontres inter auxquelles participer, bref, je ne devrais pas m’ennuyer d’ici la fin! En plus que je viens de découvrir qu’il y a une clic de français qui grimpent juste à côté de chez nous sur des parois naturelles sur le bord de la mer!! Honnêtement, je n’en revenais pas de ne pas avoir découvert avant! Mais enfin, il me reste encore du temps pour en profiter!

Donnez-moi de vos nouvelles!
Et n’oubliez pas : profitez un peu du moment présent même si la vie roule à tout allure par chez vous!
À+

Myriam –xxx-

dimanche 2 décembre 2012

Mon quotidien


J’avais débuté un blog très réflexif, long, perdu dans des idées, des concepts, sans vous donner une idée de ce qu’est mon quotidien ici. Je blâmais justement les Sénégalais de discuter de beaux concepts et de peu les appliquer….
Puis, je me suis rappelé que mon blog avait pour but de vous faire vivre un peu mon expérience avec moi, mon quotidien. Et puis, je me suis rendue compte que simplement discuter concepts et questionnement n’allait pas vous faire vivre ce que je vis ici. Parce que oui, le plus important ici, c’est de vivre les moments. C’est difficile de capturer ces moments en photo. Ce n’est pas les paysages qui impressionnent ou les activités qu’on fait qui nous changent. Certes, ils sont différents de chez nous. Mais ce qu’il y a de plus beau ici, c’est le contact avec les gens. C’est se balader dans la rue et se faire inviter à manger. C’est d’arriver au travail et de prendre le temps de saluer chacun de ses collègues de travail en lui demandant environ 5 fois comment il va, comment va le matin, comment va la famille. Et attention, si tu n’es pas allé voir quelqu’un une journée, soit certain qu’il te demandera ou tu étais, pourquoi tu n’es pas allé saluer! Il s’inquiètera pour ta santé! « Étais-tu malade? Je ne t’ai pas vu hier! » Ici, c’est ça qui est important, les relations, les gens. Et ma petite voix intérieure d’occidentale me dit souvent : « tu as des tonnes d’enfants à voir, des thérapies à faire, des formations à bâtir, vite va travailler, ça fait déjà longtemps que tu es au travail et tu n’as rien commencé! »  Puis, je prends le temps de calmer cette petite voix, parce que si je l’écoute, je vais simplement passer à côté de la track. Qu’est ce que je fais ici? J’apprends le fonctionnement Sénégalais, je crée des liens avec les gens de la place! C’est ce qu’il y a de significatif. C’est avec des liens de confiance que je pourrai avoir des échanges réels, des apprentissages possibles dans les deux sens.

Alors je parlais de ma journée typique de travail. Bien sûr, j’ai pris le temps d’aller saluer! Ensuite, ça dépend des jours, ça dépends des moments. J’ai une liste de choses à faire, bien peu de choses déjà inscrites dans mon agenda de planifié dans une journée. Plusieurs projets de commencés, des patients à voir, différents trucs. Puis, la journée défile, sans que j’aie le temps de m’ennuyer. Un patient que j’ai vu il y a 1 mois et que je n’avais pas revu, sans nouvelle depuis, se présente, alors que celui qui avait un rendez-vous n’est pas venu. Et puis, je croise la maman d’un enfant qui vient le porter à l’école et dont je devais justement faire l’évaluation. Et hop, entrevue avec la maman. Thérapies, conseils pour stimuler des enfants à un parent, à un enseignant, évaluations, visite d’école, réunion avec l’équipe du centre, tout s’emboite dans mon horaire, selon les journées, sans que j’aie réellement à planifier. Puis mes activités se déroulent un peu selon les gens qui se présentent à moi, selon les moments qui arrivent. Certes je n'ai pas une pratique tellement efficace au sens où on l'entends chez nous, mais là est le défi, modifier un peu mon cadre de référence pour arriver à échanger avec mon milieu!

La rigidité hein? Cette expérience m’aide certainement à lâcher prise, à laisser de côté ma rigidité et à y aller avec le moment présent.

Cette semaine, j’ai commencé à aller travailler en vélo. Joël a eu l’amabilité de m’apporter un vélo depuis le Maroc et de me laisser à Dakar. En fait, je vois dans la conduite de mon vélo dans la ville de Dakar cette même attitude de « lâcher prise » qui doit se faire. En fait, il n’y a pas vraiment de priorités ou de règles fixes aux intersections ou dans les ronds point. L’organisation de la circulation des voitures se fait en fonction de se qui se passe, des comportements des autres, des situations, bref, du moment présent. Pas question de tout planifier, tout organiser comme chez nous! Certes les accidents de voitures ici sont plus fréquents, mais les chauffeurs sont beaucoup plus habiles que chez nous! Pour conduire, tu dois être là, au moment présent, concentré sur ce qu’il se passe, conscient des gens autour de toi. Croyez-moi qu’ici les conducteurs connaissent la largeur exacte de leur voiture! Mais quand je suis à vélo, jusqu’à maintenant, les gens sont très courtois et s’éloignent! (Et ne vous inquiétez pas pour moi là, je suis très prudente!) Et je laisse aller les choses, je suis le courant du trafic, le moment présent. Et à ma grande surprise, en restant zen, tout coule très bien dans la circulation! Je dois simplement rester dans le moment présent!

En bref, le travail va bien, j’ai bien des projets motivant. Je dois même refuser du travail parce que je vois la mi-stage arriver et je réalise que je ne pourrai pas tout faire ce que je voudrais faire. Alors c’est le moment pour moi de faire le point et d’établir les priorités. J’ai mes moments de découragements, de frustration, surtout face au statut de l’enfant handicapé ici qui est bien souvent laissé sur une natte caché dans la maison pendant des années. C’est frustrant de voir des enfants avec des déformations hallucinantes ou des capacités tellement limités en raison d’un manque de soins, de stimulation. Et d’un autre côté, je ne peux que comprendre la famille qui présente des difficultés à nourrir tout son monde de négliger l’enfant qui ne peut pas leur apporter d’éventuels revenu, ou aide à la maison. Bref, c’est une dynamique complexe. Mais la reconnaissance des personnes handicapées comme étant des personnes possédant les mêmes droits que tous est une lutte d’actualité ici. J’espère y contribuer! De façon minime, très minime, mais quand même! Petit pas par petit pas! ;)

Voilà pour l’instant.
J’aurais milles réflexions à vous partager il me semble, mais je vais en laisser quelques-unes murir un peu plus avant de vous les partager. J’ai encore beaucoup à apprendre ici! ;)
Donnez-moi de vos nouvelles!

Myriam –xxx- 

vendredi 9 novembre 2012

Après un mois de vie à Dakar!


Ça faisait un petit moment que je n’avais pas donné de nouvelles sur mon expérience ici! Mais voilà. J’ai un moment de… « je reprends un certain contrôle » en ce moment. Bref, j’ai l’impression d’être mure pour vous partager un peu de mon vécu ici.

Parce que oui, l’arrivée à Dakar a été synonyme de perte de contrôle. Je ne comprends rien à ce qui se passe autour, je n’arrive pas à trouver des aliments pour me cuisiner de la bouffe me permettant d’avoir un régime alimentaire équilibré (et bon… je me plains, mais Dakar, c’est la grâce vie comparée à la brousse), la chaleur me fatigue et je n’ai aucune envie d’aller courir ou de bouger comme avant. Et là, je ne parle pas du système digestif qui fait de réels « up and down » avec tous les changements auxquels je lui demande de s’acclimater. Bon, j'avais besoin de laisser sortir mes petites frustrations! ;) Il y a ici, tellement de choses que je ne comprend pas! À chaque jour, je m'émerveilles devant pleins de petites, de grandes choses, chaque jour, il y a de petits irritants. Mais ce qui est certain, c'est que chaque jour ici est synonyme d'apprentissage.

Pour moi, les rues de Dakar sont chaotiques, en fait, la vie ici est chaotique. Ma logique de québécoise bien formée dans le système scolaire avec un souci d’efficacité et une raison logique pour l’existence de tout bien ou toute organisation ne trouve pas son compte ici. Il y a quelques feux de circulations dans la ville, mais aucun n’est respecté. Une rencontre est planifiée? On s’y présente une heure plus tard.

Maintenant, j’ai arrêté de vouloir tout planifier mon temps, je fais confiance à la vie et prends le moment comme il vient. Et vous savez quoi? Ça marche! Ces temps-ci, je finis toujours par faire quelque chose, et souvent les coïncidences font que je suis bien occupée, alors que si j’avais essayé de le planifier, ça n’aurait juste pas fonctionné!  En fait, peut-être que je suis simplement moins rigide, alors j’arrive à apprécier un peu ce que je fais, peu importe la direction que cela prends, j’accepte de ne pas savoir à l’avance qu’elle elle sera!

En fait, j’ai pu mettre le mot chao sur ce que je vis ici à la suite de ma visite du marché de poisson de Mbour, petite ville au sud de Dakar que je suis allé visiter la fin de semaine dernière. J’ai assisté à l’arrivée des pêcheurs dans des pirogues multicolores et magnifiques, sur la plage de Mbour. Des centaines de personnes étaient sur la plage, prêtes à les accueillir, à accueillir les poissons pêchés, à découper, dépecer, griller, mettre dans des bacs, dans des camions pour leur départ vers les marchés de plusieurs villes autour. Alors, une foule de Sénégalais (pour une blanche, c’est impressionnant une foule de noirs comme ça!) un peu pêles mêles, qui s’activent dans tous les sens. Personne n’est nécessairement attitré à un bateau j’ai l’impression. Tu es là? Tu aides! De grandes cordes relient les bateaux à la plage. Une charrette tirée par un cheval s’avance dans la mer jusqu’à avoir de l’eau presque jusqu’au ventre pour aller chercher la cargaison d’une pirogue. Autour, pleins de commerçants de toute sorte. On marche sur la plage, il y a des têtes de poissons abandonnées un peu partout, mais surtout, l’odeur de poisson, de mer est là. Bref, pour moi qui ne comprend pas la langue et qui n’a pas l’habitude de travailler dans un espace aussi restreint et non délimité, la scène est réellement chaotique. Et tout ce spectacle avec la lumière du soleil qui se couche sur la mer. On m’a dit avant de partir : « on a toujours 5 ans quand on se retrouve dans une nouvelle culture! » Et en effet! Je grandis, j’apprends, mais tranquillement!

Voici quelques photos de l'arrivée des pirogues à Mbour! Bon, des photos ne rendent jamais le moment, mais au moins, ça donne une petite idée.

La foule sur la plage
Et ci-bas les pirogues colorées et magnifiques

Un tas de poissons sur la plage.
 Pourquoi directement sur la plage? En fait la question est... pourquoi pas!?
Et on voit ici un peu des magnifiques couleurs des pirogues.


Sinon, au travail, c’est comme pour le reste de ma vie ici! Les choses se placent et se déplacent. Je commençais tout juste à comprendre le fonctionnement de la clinique que l’école commence et que je transfère tranquillement mon travail d’une place à l’autre. Cette semaine, c’était la rentrée. Les élèves sont là. En tout cas, une partie des élèves. Mais les enseignants n’y sont pas tous. Certains avaient un séminaire de formation. Aussi, je dois vous avouer que j’ai été surprise que les enseignants ne connaissaient toujours pas leurs assignations de classe la première journée. Les enfants se promènent dans l’école, certains sont venus s’asseoir dans mon bureau d’ergo pendant que je faisais l’inventaire du matériel. Bref, un fonctionnement qui est très différent de chez nous.

Aujourd’hui j’ai compris que les enfants ne sont pas mis dans une boule de ouate comme chez nous. À ce que je comprends, on les laisse plus apprendre par l’expérience. Être avec d’autres enfants et jouer sans surveillance d’un adulte n’est pas chose nouvelle pour eux. Ils sont toujours avec d’autres gens. Il y a toujours quelqu’un autour pour socialiser, pour jouer, pour t’aider si tu en as besoin. Des gens, il y en a partout. C’est la communauté. La vie familiale et communautaire qui transparaît partout. C’est un plus pour plusieurs aspects… les personnes handicapés et les personnes âgées sont pris en charge dans les familles, pas dans des centre impersonnels. Tu as des difficultés, quelqu’un est là autour, toujours prêt à t’aider. Mais en même temps, le manque d’encadrement et la vision que de toute façon, il y aura quelqu’un pour s’en occuper limite (à un certain niveau, et dans mon esprit d’ergothérapeute) la possibilité et la volonté d’acquérir de l’autonomie.

Bref, c’est différent. Je trouve ici un concept de communauté fort. Je vois chez nous un concept de productivité et d’individualisme prédominant. Et si on arrivait à trouver un équilibre entre les deux? Ce serait merveilleux. Ça m’inspire de plus en plus pour des approches communautaires à mon retour chez nous.

Sinon, au cours des dernières semaines, j’ai eu quelques petites joies et plusieurs beaux défis au travail. Je me retrouve à travailler avec quelques cas d’AVC (hémiplégie) alors que je n’en ai jamais eu. J’instaure un peu broche à foin une thérapie miroir avec le miroir de la salle de bain que je décroche, et quelqu’un le tien pendant que le patient fait sa thérapie.  Et j'ai fait ma première visite à domicile!!!!! Ça a été génial! Je pars en taxi découvrir un nouveau coin de Dakar pour aller évaluer une ado dans son quotidien. Ici, les gens vivent bien souvent dans des concessions, plusieurs familles dans une même maison! Alors, il y a toujours des gens! Un oncle, une tente, un cousin, une cousine, un frère, un soeur, il y a pratiquement toujours quelqu'un! Quand ce n'est pas quelqu'un du voisinage qui rend visite!


J’ai de beaux défis qui me sont lancés, à favoriser l’intégration d’élèves présentant des handicaps moteurs dans 2 écoles régulières. Ici, vous devez savoir que l’éducation inclusive est loin d’être mise en place. La jeune que j’ai comme patiente est arrivée 7e au niveau national au concours d’entrée en 6e (examen d’entrée au secondaire fait dans tout le pays). Et une école d’excellence refuse net de la recevoir à cause de son handicap. Bref, je suis dans le dossier pour voir ce qui peut être fait, quelles sont les besoins réels de la fille et quelles sont les limitations environnementales et occupationnelles à l’école. C’est passionnant de voir certains lutter pour l’intégration sociale d’enfants handicapés. Parce que oui, ici la stigmatisation est forte. Les enfants avec handicap physique sont souvent envoyés dans la rue pour mendier. Mais il y a de petits mouvements, de petites avancées qui sont bien stimulantes!

Aussi, j’ai fait une thérapie avec la guitare avec un patient, chanteur et guitariste hémiplégique qui a des contrats à honorer. Il m’a trouvé bien drôle de lui demander d’apporter sa guitare en thérapie, mais il est tellement motivé à retrouver sa fonction qu’il l’a fait. C’était bien de pouvoir faire une vraie thérapie avec une activité significative! Petit moment de joie pour moi!

En résumé, pour le travail, tout est un peu aléatoire. J’essai des choses, j’essai surtout de comprendre ce que comporte le quotidien des Sénégalais. Ma devise pour l’instant : « Je fais de mon mieux avec les connaissances que j’ai et les moyens que j’ai. Tant que je m’assure que je ne fais pas de tort, j’essai! » C’est ainsi que j’apprends, sur le tas!

Alors voilà ce que j’avais à vous partager après un mois de vie à Dakar! En espérant que le récit et les réflexions vous aient plus et puissent vous transporter un peu, vous faire sortir de chez vous différemment! 

Je pars visiter St-Louis cette fin de semaine et retrouver Joël!
Prenez soin de vous et envoyez-moi de vos nouvelles!!
À+

Myriam

samedi 27 octobre 2012

Fête de la Tabaski!!

Comme vous le savez sûrement, le Sénégal est un pays à forte majorité Musulman (environ 90% il me semble!). Les autres, sont chrétien. Mais tous, sans le dire, sont animiste. Les croyances et traditions associées à la religion animiste (religion dite primitive qui implique la participation d'esprits, de sorcières et de chaman.) Semble-t-il qu'aucun Sénégalais ne se déclare animiste, mais tous ont recours à certaines pratique reliées à ce croyances.

Bref, je divague un peu... je parlais de la religion musulmane! D'ailleurs, autre fait intéressant, ici, les guerres de religion, ça n'existe pas! Tu es chrétien? Musulman? Peu importe! Tant que tu crois en un dieu, c'est bon! Les fêtes de l'autre religion??? Mais qu'elle bonne opportunité de simplement fêter plus souvent! Alors, c'est ainsi que la majorité de chrétiens sont invités dans les familles musulmanes à fêter la Tabaski et à manger du mouton.

D'abord, il faut savoir qu'à la Tabaski, tout le monde a ses nouveaux habits! Alors, sortez-vos nouveaux boubous! Les ateliers de coutures sont ensevelis par le travail les semaines avant la fête. L'apparence doit être soignée ce jour là! À droite, c'est Claude qui coiffe Sheila! Et oui, l'homme du groupe est le meilleur pour tresser! ;)


Et voici mon premier boubou! :)


Alors, j'en venait à cette fameuse fête que j'ai eu la chance de passer dans la famille d'Abdou, un ami d'une amie, qui est devenu un ami, et qui habite à Dakar avec sa famille. J'ai manqué la première partie de la fête qui était les prières à la Mosquée. Ensuite, les familles retournent à la maison pour faire le sacrifice des moutons. Abdou ne voulait pas trop me traumatiser, alors il m'a dit d'arriver vers 10h... l'égorgement des moutons avait déjà eu lieu! Honnêtement, je n'en suis pas trop fâchée! ;) En tout, je crois que 5 moutons ont été abattus dans la famille de Abdou, un pour chacun des hommes de la maison (lui, ses frères et un neveu je crois.).

C'est juste après que je suis arrivée à la maison. Alors, tout le monde était dehors à travailler à préparer le repas. Les hommes s'occupaient de transformer le mouton en viande (à peu près tout du mouton est récupéré!). D'abord, la peau est enlevée, ensuite, on attache le mouton par les pattes de derrière pour vider les entrailles qui seront versés dans un seau et triés. Avec de grande machettes, ont défait en morceau les différentes parties. Une fois en morceau, la viande est apportée aux femmes qui enlèvent les surplus de gras et qui font griller tout le suite le fois et les reins qui sont servis comme petit-déjeuner autour de 11h-12h. Des accompagnements sont également préparés par les femmes. Tout un travail d'équipe! Tout le monde a sa tâche! Voici quelques photos! Mais juste après, mon appareil a rendu l'âme... : ( (Bon c'était juste les batteries, mais je n'ai pas d'autres images de la Tabaski.)

Voici Abdou et son frère qui enlèvent la peau sous le regard d'un petit gars du voisinage qui a décidé de passer la Tabaski chez ses voisins!
Deux moutons égorgés qui attendent de se faire transformer

Quand je disais que toute la famille travaille!














Et les femmes qui s'occupent du repas.












Après le petit déjeuner, c'est la fin du travail pour préparer la viande. Certaine est bouillie, d'autre grillée, d'autre mis dans des sacs au frigo pour plus tard ou pour donner à des gens qui viendront demander des parties de viande plus tard dans l'après-midi.

Ensuite, c'est une journée presque comme les autres. Bon pour moi, c'était une première expérience de repas familial Africain traditionnel avec une grande assiette au sol. On y mange avec la main droite! Important! ;) J'ai de l'aide pour défaire les morceaux de viandes de sur les os, alors on me lance de la viande dans ma part de l'assiette (partie devant moi). À une main, pour défaire de la viande, ça prend un peu de pratique quand même!

Autre fait intéressant de la Tabaski, le soir, on fait le tour des maisons, on passe voir famille et amis. Tout le monde se promène partout, dans leur habits élégants fabriqués spécialement pour l’évènement. Certaines femmes bravent les trottoirs inégaux de Dakar avec des talons hauts tout une épreuve! Les habits sont de toutes les couleurs, le scintillant est à l'honneur, ainsi que les bijoux volumineux et brillants. Les enfants passent dans les maisons, récolter monnaie, bonbons, viande, ce que les gens veulent bien leur donner! Les enfants passent, donnent la main, c'est la fête quoi!

Alors voilà, ce fut une première expérience pour moi à fêter la Tabaski. Pleins de saveurs, d'odeurs, de couleurs, de gens, de rencontres, d'expérience!

Sinon, au travail, la semaine dernière a été plutôt courte! Avec ma fin de grippe (j'ai manqué une journée, mais ça va vraiment mieux pas d'inquiétude!) et les préparatifs de la Tabaski, il n'y avait pas beaucoup de patients à la clinique. Bon, j'ai plusieurs projets intéressants au centre, je vous reparlerai davantage du côté ergo de mon stage dans mes prochains messages! J'ai encore besoin de travailler un peu et de réfléchir à mon travail avant de vous pondre quelque chose de pertinent sur le sujet! ;) Mais en général, je suis bien motivée par les défis qui sont devant moi! Je commence à comprendre un peu mieux le fonctionnement et tout et tout!

Prenez soin de vous!

Myriam -xxx-