dimanche 2 décembre 2012

Mon quotidien


J’avais débuté un blog très réflexif, long, perdu dans des idées, des concepts, sans vous donner une idée de ce qu’est mon quotidien ici. Je blâmais justement les Sénégalais de discuter de beaux concepts et de peu les appliquer….
Puis, je me suis rappelé que mon blog avait pour but de vous faire vivre un peu mon expérience avec moi, mon quotidien. Et puis, je me suis rendue compte que simplement discuter concepts et questionnement n’allait pas vous faire vivre ce que je vis ici. Parce que oui, le plus important ici, c’est de vivre les moments. C’est difficile de capturer ces moments en photo. Ce n’est pas les paysages qui impressionnent ou les activités qu’on fait qui nous changent. Certes, ils sont différents de chez nous. Mais ce qu’il y a de plus beau ici, c’est le contact avec les gens. C’est se balader dans la rue et se faire inviter à manger. C’est d’arriver au travail et de prendre le temps de saluer chacun de ses collègues de travail en lui demandant environ 5 fois comment il va, comment va le matin, comment va la famille. Et attention, si tu n’es pas allé voir quelqu’un une journée, soit certain qu’il te demandera ou tu étais, pourquoi tu n’es pas allé saluer! Il s’inquiètera pour ta santé! « Étais-tu malade? Je ne t’ai pas vu hier! » Ici, c’est ça qui est important, les relations, les gens. Et ma petite voix intérieure d’occidentale me dit souvent : « tu as des tonnes d’enfants à voir, des thérapies à faire, des formations à bâtir, vite va travailler, ça fait déjà longtemps que tu es au travail et tu n’as rien commencé! »  Puis, je prends le temps de calmer cette petite voix, parce que si je l’écoute, je vais simplement passer à côté de la track. Qu’est ce que je fais ici? J’apprends le fonctionnement Sénégalais, je crée des liens avec les gens de la place! C’est ce qu’il y a de significatif. C’est avec des liens de confiance que je pourrai avoir des échanges réels, des apprentissages possibles dans les deux sens.

Alors je parlais de ma journée typique de travail. Bien sûr, j’ai pris le temps d’aller saluer! Ensuite, ça dépend des jours, ça dépends des moments. J’ai une liste de choses à faire, bien peu de choses déjà inscrites dans mon agenda de planifié dans une journée. Plusieurs projets de commencés, des patients à voir, différents trucs. Puis, la journée défile, sans que j’aie le temps de m’ennuyer. Un patient que j’ai vu il y a 1 mois et que je n’avais pas revu, sans nouvelle depuis, se présente, alors que celui qui avait un rendez-vous n’est pas venu. Et puis, je croise la maman d’un enfant qui vient le porter à l’école et dont je devais justement faire l’évaluation. Et hop, entrevue avec la maman. Thérapies, conseils pour stimuler des enfants à un parent, à un enseignant, évaluations, visite d’école, réunion avec l’équipe du centre, tout s’emboite dans mon horaire, selon les journées, sans que j’aie réellement à planifier. Puis mes activités se déroulent un peu selon les gens qui se présentent à moi, selon les moments qui arrivent. Certes je n'ai pas une pratique tellement efficace au sens où on l'entends chez nous, mais là est le défi, modifier un peu mon cadre de référence pour arriver à échanger avec mon milieu!

La rigidité hein? Cette expérience m’aide certainement à lâcher prise, à laisser de côté ma rigidité et à y aller avec le moment présent.

Cette semaine, j’ai commencé à aller travailler en vélo. Joël a eu l’amabilité de m’apporter un vélo depuis le Maroc et de me laisser à Dakar. En fait, je vois dans la conduite de mon vélo dans la ville de Dakar cette même attitude de « lâcher prise » qui doit se faire. En fait, il n’y a pas vraiment de priorités ou de règles fixes aux intersections ou dans les ronds point. L’organisation de la circulation des voitures se fait en fonction de se qui se passe, des comportements des autres, des situations, bref, du moment présent. Pas question de tout planifier, tout organiser comme chez nous! Certes les accidents de voitures ici sont plus fréquents, mais les chauffeurs sont beaucoup plus habiles que chez nous! Pour conduire, tu dois être là, au moment présent, concentré sur ce qu’il se passe, conscient des gens autour de toi. Croyez-moi qu’ici les conducteurs connaissent la largeur exacte de leur voiture! Mais quand je suis à vélo, jusqu’à maintenant, les gens sont très courtois et s’éloignent! (Et ne vous inquiétez pas pour moi là, je suis très prudente!) Et je laisse aller les choses, je suis le courant du trafic, le moment présent. Et à ma grande surprise, en restant zen, tout coule très bien dans la circulation! Je dois simplement rester dans le moment présent!

En bref, le travail va bien, j’ai bien des projets motivant. Je dois même refuser du travail parce que je vois la mi-stage arriver et je réalise que je ne pourrai pas tout faire ce que je voudrais faire. Alors c’est le moment pour moi de faire le point et d’établir les priorités. J’ai mes moments de découragements, de frustration, surtout face au statut de l’enfant handicapé ici qui est bien souvent laissé sur une natte caché dans la maison pendant des années. C’est frustrant de voir des enfants avec des déformations hallucinantes ou des capacités tellement limités en raison d’un manque de soins, de stimulation. Et d’un autre côté, je ne peux que comprendre la famille qui présente des difficultés à nourrir tout son monde de négliger l’enfant qui ne peut pas leur apporter d’éventuels revenu, ou aide à la maison. Bref, c’est une dynamique complexe. Mais la reconnaissance des personnes handicapées comme étant des personnes possédant les mêmes droits que tous est une lutte d’actualité ici. J’espère y contribuer! De façon minime, très minime, mais quand même! Petit pas par petit pas! ;)

Voilà pour l’instant.
J’aurais milles réflexions à vous partager il me semble, mais je vais en laisser quelques-unes murir un peu plus avant de vous les partager. J’ai encore beaucoup à apprendre ici! ;)
Donnez-moi de vos nouvelles!

Myriam –xxx- 

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