Salut à tous!
J’espère que vous allez bien et que vous
profitez du printemps!
Je suis maintenant rendue au Burkina Faso,
dit, le pays des hommes intègres! Après quelques jours passés à Ouagadougou, la
capitale, je suis arrivée à Kaya (petite ville à environ 100km de Ouaga et
300km du travail de Joël) où je travaille actuellement dans un centre de
réadaptation!
Les
quelques jours à l’arrivée m’ont permis de constater les différences entre le
Sénégal et le Burkina et m’y acclimater. En bref, le plus dur choc a été la
chaleur!!! Ho oui, je suis au Burkina durant la saison la plus chaude de
l’année!!! La nuit qu’on est arrivé, il faisait 35 degré et très humide!
C’était affreux, et assez inhabituel quand même puisque le lendemain, il y a eu
une averse alors que nous sommes en pleine saison sèche… bref, c’était assez
anormal et insupportable! Depuis, j’ai pris le rythme, je me suis acclimatée un
peu. Je dois dire que je suis quand même choyée! J’habite présentement dans une
villa directement sur mon lieu de travail, avec chambre climatisée! Bref, je ne
suis pas trop à plaindre! Mais quand même, on s’habitue à la chaleur! Je dors
avec les couvertures avec la clim à 27 degré. Je risque d’être un peu frileuse
à mon retour au mois de mai! :P Sinon, je suis allé visiter Joël à son
travail le week-end de pâques. Là-bas, c’est le désert, la chaleur peut monter
jusqu’à 50 degré et plus durant le jour! Mais c’est tellement sec, et avec un
vent constant, ça reste supportable. Mais c’est clair que tu ne restes pas au
soleil longtemps!!
Bon, assez parlé de la chaleur! C’est la
différence la plus marquante et qui frappe de plein fouet en arrivant, mais
quand même, il y en a d’autres! En fait, les gens aux Burkina sont, de façon
générale, plus posés que les Sénégalais. Ça me repose, j’aime bien ce trait de
caractère! Au premier coup d’œil, le Sénégal et le Burkina semblent bien
semblables! En effet, il y a bien des
choses en commun. Mais quand on reste un peu plus attentif, il y a, au fond,
des choses bien différentes! Ça reste un peu difficile à exprimer je dirais.
C’est surtout dans le contact avec les gens que l’on sent cette différence.
J’arriverai peut-être à mettre plus de mots sur cette différence
éventuellement.
Au niveau du travail, j’aime beaucoup mon
nouveau milieu. Je travaille actuellement dans un centre de réadaptation qui
emploi une équipe de 6 kiné et 3 appareilleurs, en plus du personnel de
soutien. C’est donc une petite clinique, mais qui accueille une grande quantité
de « malade » comme ils les appellent! Ils reçoivent également 5 fois
par année, une équipe de chirurgien de l’Europe pour faire des missions de
chirurgie. C’est donc pour cette raison qu’il y a sur le site une bien jolie
villa confortable, prête à accueillir des professionnels de la santé étrangers.
Comme je suis la seule expatriée sur le site en ce moment, j’ai la place à moi.
C’est bien tranquille et confortable!
Le centre ici est très reconnu dans la
région, tant pour ses opérations réalisées par des équipes européennes
plusieurs fois par année, que pour les services de réadaptation qui sont,
semble-t-il, les meilleurs de la région. Plusieurs personnes viennent de la Côte d’Ivoire et de bien des
endroits autour pour s’y faire soigner. Même des gens de la capitale viennent
jusqu’à Kaya, parce que semble-t-il que les soins de réadaptation offerts dans
cette grande ville ne sont pas aussi bon que ceux de chez nous.
Je vois aussi une influence importante du
fait que le centre soit financé par une ONG étrangère. Le rythme de travail et
les rendements à obtenir sont bien plus élevés que dans le centre public pour
lequel je travaillais au Sénégal!
Honnêtement, le rythme de travail de mes collègues ici m’a agréablement
surpris. Enfin, ça laisse quand même des effets pervers…comme le financement
provient essentiellement de l’extérieur, le centre ne reste pas autonome, et ne
semble pas (selon moi) sur la voie de le devenir au niveau financier… Ça laisse
un déséquilibre et une situation de domination ou de pourvoyeur de la part de
l’ONG Suisse. Mais de ce que j’ai pu voir, cette supériorité ne semble pas
utilisée de façon malsaine. Au contraire, leurs actions sont bien louables. Par
contre, je vois bien qu’à long terme, il y aurait probablement des façons un
peu plus efficientes de faire un développement pour la région. Enfin… la
complexité de l’aide internationale quoi!
Au niveau ergothérapie, c’est très
stimulant! Je vois des patients avec des pathologies diverses et c’est une
première expérience pour moi en réadaptation intensive. Ayant bien peu de
matériel de thérapie, je dois être bien créative pour utiliser et réutiliser le
même matériel à plusieurs saveurs, autant pour des adultes AVC que des enfants
IMC. Surtout que je vois ces patients presque tous les jours! Je vois vraiment
une multitude de clientèle. Et tous pleins de types de patients! Disons que je
ne m’ennui pas et que le cerveau roule à mille à l’heure à rencontrer des
patients avec des pathologies diverses, parfois une impossibilité de
communiquer oralement, parfois une pathologie inconnue, non diagnostiquée, mais
des troubles moteurs…. Alors je fais ce que je peux pour explorer un peu la
situation, essayer d’augmenter le niveau d’autonomie des patients! Et une chose
que j’ai appris ici, c’est de ne pas me stresser avec le fait de vouloir faire
tout parfait. Je fais de mon mieux, et pour le reste, il y a le lâcher-prise.
Je vois que c’est drôlement bénéfique de laisser de côté ce stress malsain que
je vivais chez nous à faire des thérapies parfaites! Je réalise mieux que je
peux faire avec ce que j’ai dans le moment présent, selon la situation qui
arrive. Tant que je m’assure de ne pas nuire à la personne et que je donne ce
que je peux, pour le reste, je lâche prise!
J’ai une de mes patientes qui est
particulièrement intéressante. On me l’a présenté comme un problème spirituel,
créé par la présence d’un démon qui a créé une hémiplégie. Mais les symptômes
ne sont pas typique d’un post AVC et je l’ai vu sans connaissances, pour une
raison non identifiée. Semble-t-il qu’elle fait des « crises » à
répétition, des pertes de connaissances, parfois des fugues, parfois ce qui
serait peut-être des épisodes psychotiques.
Bref, je crois qu’il y a un peu de santé mentale là dedans, mais assez
difficile à identifier! Surtout que le premier recours des gens ici sauf
essayer de renforcer le côté hémiplégique est de prier pour éloigner le démon.
Enfin. J’essaie d’ouvrir certains horizons, tout en restant sensible aux
croyances de la place. C’est assez intéressant comme expérience je dois dire!
Comme ergo, je me rends aussi compte que
j’ai appris à connaître le quotidien des Africains de l’ouest qui est bien
différent de notre quotidien à nous! Surtout quand tu te retrouves à faire de
la réadap du membre supérieur… chaque main a ses fonctions bien distinctes!!
Comme une main sert à se nourrir et l’autre à nettoyer les excréments, leurs
rôles sont difficilement interchangeables!! Ça crée toutes sortes de
problématiques quand un enfant a une atteinte au membre supérieur droit!! J’ai
même entendu aujourd’hui qu’une enseignante ne voulais plus qu’une jeune fille aille
en classe parce qu’elle écrivait de la main gauche (main droite spastique…).
Ça, je dois dire que ça m’a choqué!!! Mais rassurez-vous, je n’étais pas la
seule à être choquée. Les kinés avec qui je travaille étaient également
complètement outrés! Enfin, ce sont des petites réalités du travail d’ergo ici
qui me surprendront par leur absence au début de ma carrière au Québec! Parce
que oui, après avoir fait de l’ergo ici 6 mois (les 6 premiers mois depuis l’université…),
c’est ma plus grande référence comme expérience professionnelle et
ergothérapeutique! Je crois que je vais trouver que le système de santé
Québécois est bien riche en ressources à mon retour à la maison!
Une autre différence majeure entre mon
expérience au Sénégal et celle du Burkina est qu’au Sénégal, j’étais dans un
milieu majoritairement musulman, alors qu’ici, je suis dans un centre qui
emploi seulement des chrétiens. Je dois dire que le contact avec les chrétiens
est pour moi plus naturel qu’avec les musulmans. Ça se rapproche plus du monde
dans lequel j’ai grandis! Par contre, côtoyer les musulmans a été une
expérience très enrichissante! Et rassurez-vous, c’est loin d’être une majorité
des musulmans qui sont extrémistes contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en
faire chez nous en entendant parler des groupes terroristes et extrémistes qui
appliquent la charia par exemple. Enfin, je dois dire que de mon côté, j’ai
plutôt côtoyé des musulmans très pacifistes et très ouverts à accueillir chez
eux des chrétiens!
Ça me fait penser, en vous parlant des
différences de religions. Il y a une chose qui me frappe en Afrique de l’ouest
en général… c’est que pour eux, peu importe quelle religion tu pratiques, tant
que tu as la foi, « ya pas de problème!! ». C’est beau de voir le
respect entre les différentes communautés religieuses et le respect entre les
différents groupes ethniques. C’est assez particulier ici, ces groupes
ethniques différents qui se retrouvent à former un pays ensemble parce que les
colons Européens en ont décidés ainsi il y a plusieurs années! (Bon je
généralise…. mais globalement, ça ressemble à ça!)
Sinon, c’est déjà presque la fin de mon
périple ici. En fait, j’ai amorcé ma dernière semaine de travail en sol
Africain aujourd’hui. Et oui, ça fait déjà un mois que je suis au Burkina! Dans
une semaine, Joël va être en congé et on prendra tranquillement la route vers
le Togo et le Bénin à moto pour découvrir de nouveaux endroits. Après ce 3
semaines de congé ensemble, c’est le retour au travail pour lui et le retour à
la maison pour moi!!
Alors à moins que j’aie bien de
l’inspiration en vivant mon choc du retour et que je ressente le besoin de le
partager dans ce blog, je crois bien que ce sera ma dernière chronique!
Pour ceux qui ont lus, j’espère que j’ai pu
vous transporter un peu de l’autre côté de l’océan et vous faire vivre un peu
la réalité d’ici. J’espère que ça vous aide à figurer un peu plus ce que peut
être une expérience d’ergo, de canadienne, de jeune blanche, ou jeune diplômée
en Afrique de l’ouest dans un contexte de développement international. J’espère
surtout que ça vous a fait sortir un peu de chez vous, sans avoir eu à le faire
physiquement! Si oui, l’objectif de mon blog est atteint!
Je vous souhaite un beau printemps! Et
profitez des moments qui passent!
Au plaisir de se revoir au mois de mai ou
durant l’été!!
À+
Myriam –xxx-