samedi 13 avril 2013

Après le Sénégal... mon expérience au Burkina Faso!


Salut à tous!

J’espère que vous allez bien et que vous profitez du printemps!

Je suis maintenant rendue au Burkina Faso, dit, le pays des hommes intègres! Après quelques jours passés à Ouagadougou, la capitale, je suis arrivée à Kaya (petite ville à environ 100km de Ouaga et 300km du travail de Joël) où je travaille actuellement dans un centre de réadaptation!

 Les quelques jours à l’arrivée m’ont permis de constater les différences entre le Sénégal et le Burkina et m’y acclimater. En bref, le plus dur choc a été la chaleur!!! Ho oui, je suis au Burkina durant la saison la plus chaude de l’année!!! La nuit qu’on est arrivé, il faisait 35 degré et très humide! C’était affreux, et assez inhabituel quand même puisque le lendemain, il y a eu une averse alors que nous sommes en pleine saison sèche… bref, c’était assez anormal et insupportable! Depuis, j’ai pris le rythme, je me suis acclimatée un peu. Je dois dire que je suis quand même choyée! J’habite présentement dans une villa directement sur mon lieu de travail, avec chambre climatisée! Bref, je ne suis pas trop à plaindre! Mais quand même, on s’habitue à la chaleur! Je dors avec les couvertures avec la clim à 27 degré. Je risque d’être un peu frileuse à mon retour au mois de mai! :P Sinon, je suis allé visiter Joël à son travail le week-end de pâques. Là-bas, c’est le désert, la chaleur peut monter jusqu’à 50 degré et plus durant le jour! Mais c’est tellement sec, et avec un vent constant, ça reste supportable. Mais c’est clair que tu ne restes pas au soleil longtemps!!

Bon, assez parlé de la chaleur! C’est la différence la plus marquante et qui frappe de plein fouet en arrivant, mais quand même, il y en a d’autres! En fait, les gens aux Burkina sont, de façon générale, plus posés que les Sénégalais. Ça me repose, j’aime bien ce trait de caractère! Au premier coup d’œil, le Sénégal et le Burkina semblent bien semblables! En effet, il  y a bien des choses en commun. Mais quand on reste un peu plus attentif, il y a, au fond, des choses bien différentes! Ça reste un peu difficile à exprimer je dirais. C’est surtout dans le contact avec les gens que l’on sent cette différence. J’arriverai peut-être à mettre plus de mots sur cette différence éventuellement.

Au niveau du travail, j’aime beaucoup mon nouveau milieu. Je travaille actuellement dans un centre de réadaptation qui emploi une équipe de 6 kiné et 3 appareilleurs, en plus du personnel de soutien. C’est donc une petite clinique, mais qui accueille une grande quantité de « malade » comme ils les appellent! Ils reçoivent également 5 fois par année, une équipe de chirurgien de l’Europe pour faire des missions de chirurgie. C’est donc pour cette raison qu’il y a sur le site une bien jolie villa confortable, prête à accueillir des professionnels de la santé étrangers. Comme je suis la seule expatriée sur le site en ce moment, j’ai la place à moi. C’est bien tranquille et confortable!

Le centre ici est très reconnu dans la région, tant pour ses opérations réalisées par des équipes européennes plusieurs fois par année, que pour les services de réadaptation qui sont, semble-t-il, les meilleurs de la région. Plusieurs personnes viennent de la Côte d’Ivoire et de bien des endroits autour pour s’y faire soigner. Même des gens de la capitale viennent jusqu’à Kaya, parce que semble-t-il que les soins de réadaptation offerts dans cette grande ville ne sont pas aussi bon que ceux de chez nous.

Je vois aussi une influence importante du fait que le centre soit financé par une ONG étrangère. Le rythme de travail et les rendements à obtenir sont bien plus élevés que dans le centre public pour lequel je travaillais au Sénégal!  Honnêtement, le rythme de travail de mes collègues ici m’a agréablement surpris. Enfin, ça laisse quand même des effets pervers…comme le financement provient essentiellement de l’extérieur, le centre ne reste pas autonome, et ne semble pas (selon moi) sur la voie de le devenir au niveau financier… Ça laisse un déséquilibre et une situation de domination ou de pourvoyeur de la part de l’ONG Suisse. Mais de ce que j’ai pu voir, cette supériorité ne semble pas utilisée de façon malsaine. Au contraire, leurs actions sont bien louables. Par contre, je vois bien qu’à long terme, il y aurait probablement des façons un peu plus efficientes de faire un développement pour la région. Enfin… la complexité de l’aide internationale quoi!

Au niveau ergothérapie, c’est très stimulant! Je vois des patients avec des pathologies diverses et c’est une première expérience pour moi en réadaptation intensive. Ayant bien peu de matériel de thérapie, je dois être bien créative pour utiliser et réutiliser le même matériel à plusieurs saveurs, autant pour des adultes AVC que des enfants IMC. Surtout que je vois ces patients presque tous les jours! Je vois vraiment une multitude de clientèle. Et tous pleins de types de patients! Disons que je ne m’ennui pas et que le cerveau roule à mille à l’heure à rencontrer des patients avec des pathologies diverses, parfois une impossibilité de communiquer oralement, parfois une pathologie inconnue, non diagnostiquée, mais des troubles moteurs…. Alors je fais ce que je peux pour explorer un peu la situation, essayer d’augmenter le niveau d’autonomie des patients! Et une chose que j’ai appris ici, c’est de ne pas me stresser avec le fait de vouloir faire tout parfait. Je fais de mon mieux, et pour le reste, il y a le lâcher-prise. Je vois que c’est drôlement bénéfique de laisser de côté ce stress malsain que je vivais chez nous à faire des thérapies parfaites! Je réalise mieux que je peux faire avec ce que j’ai dans le moment présent, selon la situation qui arrive. Tant que je m’assure de ne pas nuire à la personne et que je donne ce que je peux, pour le reste, je lâche prise!

J’ai une de mes patientes qui est particulièrement intéressante. On me l’a présenté comme un problème spirituel, créé par la présence d’un démon qui a créé une hémiplégie. Mais les symptômes ne sont pas typique d’un post AVC et je l’ai vu sans connaissances, pour une raison non identifiée. Semble-t-il qu’elle fait des « crises » à répétition, des pertes de connaissances, parfois des fugues, parfois ce qui serait peut-être des épisodes psychotiques.  Bref, je crois qu’il y a un peu de santé mentale là dedans, mais assez difficile à identifier! Surtout que le premier recours des gens ici sauf essayer de renforcer le côté hémiplégique est de prier pour éloigner le démon. Enfin. J’essaie d’ouvrir certains horizons, tout en restant sensible aux croyances de la place. C’est assez intéressant comme expérience je dois dire!

Comme ergo, je me rends aussi compte que j’ai appris à connaître le quotidien des Africains de l’ouest qui est bien différent de notre quotidien à nous! Surtout quand tu te retrouves à faire de la réadap du membre supérieur… chaque main a ses fonctions bien distinctes!! Comme une main sert à se nourrir et l’autre à nettoyer les excréments, leurs rôles sont difficilement interchangeables!! Ça crée toutes sortes de problématiques quand un enfant a une atteinte au membre supérieur droit!! J’ai même entendu aujourd’hui qu’une enseignante ne voulais plus qu’une jeune fille aille en classe parce qu’elle écrivait de la main gauche (main droite spastique…). Ça, je dois dire que ça m’a choqué!!! Mais rassurez-vous, je n’étais pas la seule à être choquée. Les kinés avec qui je travaille étaient également complètement outrés! Enfin, ce sont des petites réalités du travail d’ergo ici qui me surprendront par leur absence au début de ma carrière au Québec! Parce que oui, après avoir fait de l’ergo ici 6 mois (les 6 premiers mois depuis l’université…), c’est ma plus grande référence comme expérience professionnelle et ergothérapeutique! Je crois que je vais trouver que le système de santé Québécois est bien riche en ressources à mon retour à la maison!

Une autre différence majeure entre mon expérience au Sénégal et celle du Burkina est qu’au Sénégal, j’étais dans un milieu majoritairement musulman, alors qu’ici, je suis dans un centre qui emploi seulement des chrétiens. Je dois dire que le contact avec les chrétiens est pour moi plus naturel qu’avec les musulmans. Ça se rapproche plus du monde dans lequel j’ai grandis! Par contre, côtoyer les musulmans a été une expérience très enrichissante! Et rassurez-vous, c’est loin d’être une majorité des musulmans qui sont extrémistes contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en faire chez nous en entendant parler des groupes terroristes et extrémistes qui appliquent la charia par exemple. Enfin, je dois dire que de mon côté, j’ai plutôt côtoyé des musulmans très pacifistes et très ouverts à accueillir chez eux des chrétiens!

Ça me fait penser, en vous parlant des différences de religions. Il y a une chose qui me frappe en Afrique de l’ouest en général… c’est que pour eux, peu importe quelle religion tu pratiques, tant que tu as la foi, « ya pas de problème!! ». C’est beau de voir le respect entre les différentes communautés religieuses et le respect entre les différents groupes ethniques. C’est assez particulier ici, ces groupes ethniques différents qui se retrouvent à former un pays ensemble parce que les colons Européens en ont décidés ainsi il y a plusieurs années! (Bon je généralise…. mais globalement, ça ressemble à ça!)

Sinon, c’est déjà presque la fin de mon périple ici. En fait, j’ai amorcé ma dernière semaine de travail en sol Africain aujourd’hui. Et oui, ça fait déjà un mois que je suis au Burkina! Dans une semaine, Joël va être en congé et on prendra tranquillement la route vers le Togo et le Bénin à moto pour découvrir de nouveaux endroits. Après ce 3 semaines de congé ensemble, c’est le retour au travail pour lui et le retour à la maison pour moi!!

Alors à moins que j’aie bien de l’inspiration en vivant mon choc du retour et que je ressente le besoin de le partager dans ce blog, je crois bien que ce sera ma dernière chronique!
Pour ceux qui ont lus, j’espère que j’ai pu vous transporter un peu de l’autre côté de l’océan et vous faire vivre un peu la réalité d’ici. J’espère que ça vous aide à figurer un peu plus ce que peut être une expérience d’ergo, de canadienne, de jeune blanche, ou jeune diplômée en Afrique de l’ouest dans un contexte de développement international. J’espère surtout que ça vous a fait sortir un peu de chez vous, sans avoir eu à le faire physiquement! Si oui, l’objectif de mon blog est atteint!

Je vous souhaite un beau printemps! Et profitez des moments qui passent!

Au plaisir de se revoir au mois de mai ou durant l’été!!

À+

Myriam –xxx-

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